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La Cop28, le banquet des pétrogaziers.


La prochaine conférence sur les changements climatiques débute dans quelques heures. Elle s'annonce comme inédite, avec 70000 participants attendus. C'est un record. Et, si le Pape n'avait pas en dernière minute annulé sa présence en raison de sa santé, cette rencontre aurait aussi été historique de ce point de vue. Pour l'année 2023, le rendez-vous a lieu à Dubaï. D'emblée, ce choix du pays hôte suscite de vives réactions chez les défenseurs de l'environnement : les Emirats arabes unis sont d'importants producteurs de pétrole, contribuant aux émissions de gaz à effet de serre, donc au changement climatique. De plus, le choix de Sultan Ahmed Al Jaber, PDG de la compagnie pétrolière émiratie Adnoc, est lui aussi contesté.


Au-delà des nombreux symboles contre-intuitifs de cet évènement, il ne faut pas perdre de vue les enjeux cruciaux de ces négociations internationales. Il est question d'établir un bilan mondial de la situation, mettre l’accent sur les dommages climatiques entre pays du nord et pays du sud, et de parler de transition énergétique. Mais, déjà, des révélations font état de manœuvres divergentes de la part de pays et entreprises pétrogaziers. Les signaux émis semblent emprunter une trajectoire opposée à l'affichage officiel qui se veut engagé pour le climat. A l'occasion des rencontres lors de ce sommet, seraient évaluées les opportunités internationales et les projets de développement des énergies fossiles.


A en croire les documents obtenus par des journalistes indépendants du Center for Climate Reporting et relayés par le média BBC, les Émirats arabes unis projettent d'utiliser les réunions de la COP28 pour des négociations commerciales. Au programme, des projets de discussion d'accords sur les combustibles fossiles avec 15 pays, parmi lesquels figurent le Mozambique, le Canada, l'Australie, la Colombie, l'Allemagne, la Chine ou encore l'Égypte. Et, selon les lanceurs d'alerte, le cabinet McKinsey aurait utilisé sa position de conseiller clé lors des négociations climatiques de la COP28 de l'ONU pour faire valoir les intérêts de ses grands clients pétroliers et gaziers.


Cependant, faut-il pour autant parler de sabordage de la COP28 ? Au sein de cette conférence, l'espoir de réaliser des progrès significatifs demeure. Les rencontres des gouvernements du monde entier offrent une opportunité à chacun de défendre ses intérêts. Les réalités divergent, les attentes diffèrent. Par exemple, les pays africains, confrontés à des événements météorologiques extrêmes, sont dans une urgence incompatible avec un rejet radical des combustibles fossiles dans des contextes de sous-développement. Pour les nations riches encore très largement dépendantes des ressources fossiles, la crédibilité et la fidélité aux engagements restent un défi à relever.


Le sommet du Dubaï peut déboucher sur des avancées majeures, marquant un compromis intelligent entre la crise climatique et le développement économique. Pour celà, il incombe à tous les décideurs de faire preuve d'ambition dans les efforts de réduction des émissions, en concrétisant leurs annonces, quelle que soit leur échelle.



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