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Le Sommet africain du climat 2023 : quelles avancées et quels désaccords ?


Avec l'objectif de créer une base de négociation en vue de la COP28 qui se tiendra au mois de novembre à Dubaï, les responsables africains réunis à Nairobi pendant trois jours, ont adopté une déclaration commune afin d'apporter une réponse aux défis climatiques en Afrique. L'annonce a été faite lors de la clôture par le président kényan William Ruto, par ailleurs organisateur du sommet. Le projet propose de nouvelles taxes mondiales et la réforme des institutions financières internationales. Il s'agit d'aider l'Afrique à financer l’action contre le changement climatique. Et cela passe par la conservation des ressources naturelles, le développement des énergies renouvelables et la mobilisation des financements pour s'adapter à des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes.

Dans un discours avant-gardiste, le président Ruto a insisté sur la transition de l’Afrique vers les énergies propres, lui dont le pays s'illustre comme le meilleur exemple du continent: au Kenya, les énergies renouvelables représentent presque 90 % du mix énergétique, et le pays dispose de la plus grande ferme solaire de la région et du plus grand parc éolien du continent. Mais, les ambitions du chef de l'État kényan vont encore plus loin. Il déclare que l'Afrique, en libérant les ressources énergétiques renouvelables dont elle dispose peut être un pôle industriel vert, qui aide d’autres régions dans le monde à atteindre leurs stratégies zéro émission nette d’ici 2050.

Présent au sommet, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a apporté un soutien indéfectible à cette vision. Il souligne que les énergies renouvelables pourraient constituer le « miracle africain », tout en pointant la nécessité d'une action collective pour faire de l'Afrique une superpuissance des énergies renouvelables. Il a également exhorté les dirigeants du G20, réunis à Delhi, en Inde, à s'engager à atteindre zéro émission nette avant 2040. Selon les Nations Unies, bien que le continent africain ne contribue qu'à hauteur de 2 à 3 % aux émissions mondiales, il en subit les conséquences les plus sévères. Des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations augmentent de façon exponentielle. L'accent mis sur la situation particulière de l'Afrique lors de ce sommet mérite d'être salué. Cependant, le chemin à parcourir demeure ardu. Des centaines de millions de personnes en Afrique n'ont toujours pas accès à l'électricité, et les financements tardent à se concrétiser. L'évaluation définitive des résultats de ce sommet ne pourra se faire qu'après la mise en œuvre d'actions concrètes. De nombreux participants restent sceptiques quant à l'efficacité et la volonté politique de suivre les recommandations émises. Les défenseurs de la lutte climatique rappellent que les pays les plus riches, coupables de pollution, ne respectent pas leurs engagements, tant sur leurs émissions que sur les financements. Les 100 milliards de dollars promis aux pays du Sud n'ont toujours pas été honorés. Ce sommet, néanmoins, a vu quelques progrès dans l'augmentation des investissements. La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé un financement de 23 milliards de dollars sur les 27 prochaines années en faveur de la "croissance verte, des efforts d'absorption et d'adaptation" au Fonds africain pour le climat. De leur côté, les Émirats arabes unis ont promis 4,5 milliards de dollars. Tandis que l'Allemagne s'est engagée à hauteur de 482,31 millions de dollars pour le développement des infrastructures d'énergie verte. En outre, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a lancé un appel pressant aux donateurs et aux institutions de financement du développement. Elle les exhorte à augmenter leurs financements concessionnels afin de stimuler les investissements dans le secteur énergétique africain.

Mais il convient de noter que les désaccords persistent. Le financement n'a pas été le seul point de discorde de ce sommet. Les marchés carbone, présentés comme une solution, suscitent des débats houleux, voire des réactions hostiles. Certains estiment que l'Afrique ne devrait pas accepter les solutions imposées sur son territoire et qu'elle doit se distancier de l'ombre du passé colonial. Les marchés carbone permettent aux pollueurs de diffuser leurs émissions en investissant dans la plantation d'arbres ou dans des initiatives de conservation. En Afrique, ces solutions sont moins coûteuses que dans de nombreuses autres régions du monde. Le continent ne perçoit que moins de 10 dollars par tonne de carbone, tandis que d'autres régions peuvent obtenir plus de 100 dollars pour la même quantité. Les pays africains cherchent le meilleur accord possible pour les aider à atteindre leurs propres objectifs de réduction des émissions. Ils estiment que l'on cherche à les contraindre à privilégier un instrument qui, selon eux, a peu d'impact local, alors que les enjeux sont urgents et plus importants. De plus, le marché volontaire du carbone en Afrique est aux prises avec des problèmes d'intégrité et de transparence. Les groupes environnementaux craignent que cela ne devienne une licence pour continuer à polluer. Ce sommet a offert une occasion de réflexion constructive et laisse sur la table le temps pour combler les écarts créés par les positions divergentes. Cependant, il est déjà possible de considérer ce sommet comme une réussite. Le véritable succès résidera dans la mise en œuvre concrète des actions et des engagements pris pour lutter contre le changement climatique en Afrique.


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